Capable de composer et d’enregistrer un album en une nuit si ça lui chante, Hugo Carmouze aime à jouer avec les contraintes et surtout les règles de bienséances de studio. Il a nommé ce douzième album, le « Troisième Opinion » pour capturer l’entrée dans une nouvelle période de sa vie et de son approche musicale, après l’enfance et l’adolescence. A cette occasion, il a choisi de prendre son temps et d’explorer des sonorités jusqu’ici rares dans sa musique, sans se préoccuper nécessairement de pouvoir les rejouer en live.

Ce disque, sans perdre la spontanéité et les tressauts punk de la signature sonore d’Hugo Carmouze, a des petits airs d’éternité. Des morceaux souvent plus épurés qui délaissent la confrontation pour un caractère lumineux, une intimité plus franchement assumée.
Ce Troisième Opinion est aussi l’occasion pour le songwriter de se libérer définitivement des ombres de ses pères spirituels pour parvenir à un son personnel, homogène dont l’équilibre guitare-voix est immédiatement reconnaissable.

C’est aussi un album “produit” au sens où on l’aurait dit dans les années 1960 et 1970, aux arrangements souvent audacieux. Opinion s’y dévoile comme un projet rock intemporel capable de lier une véritable science mélodique (la discographie riche de Carmouze comme école du songwriting), une quête sonore et une façon d’aborder la production par une approche libre et empirique. Un petit chat avec sa rythmique doom, ses guitares kraut, et sa ligne de chant douce-amère ressemble à une comptine déviante et terriblement attachante. 19 rappelle à notre bon souvenir la capacité d’Hugo Carmouze à écrire des hooks accrocheurs. Sa voix s’y balade sans peine comme si le chemin le plus court entre pop 60’s, garage et shoegaze était aussi le plus naturel. Microrange et ses airs d’instant classic noisy pop est un autre morceau de bravoure du disque.

La question n’est plus vraiment de savoir si ce disque est mature et accessible. Il offre une vision embarquée d’un des projets rock les plus emballants de ces dernières années qui atteint ici son plein régime.

crédit Total Heaven